Préambule... Vous le savez, Metal Gear Solid est bien plus qu’un jeu. C’est une expérience, qui ne laisse personne indifférent. Adulé par beaucoup, la série se vit pourtant très différemment d’un joueur à un autre. Et penser que ces derniers sont uniquement masculins serait une grave erreur, n’est-ce pas Anna ? Alors, après Ashley Davis, c’est au tour de Julia Hansbrough de nous évoquer son expérience sur Metal Gear Solid 2. Bien des années après sa première rencontre avec Raiden, le voyage sur la Big Shell a-t-il changé le goût de la madeleine de Proust ? |
MetalGearSolid.be |
À la belle époque,
Metal Gear Solid était LA série d'action-infiltration qui vous coupait le souffle. Si vous vouliez une bouffée d'air frais, loin des FPS où vous tirez sur tout ce qui bouge, vous pouviez alors vous tourner vers
Metal Gear Solid, une expérience plus lente et authentique, mais particulièrement passionnante. Ramper dans les bouches d'aération, abattre des gardes, cacher leurs cadavres dans des casiers, détruire des caméras de surveillance pour arpenter librement les couloirs sans être repéré, etc. Tout ça a rendu James Bond plutôt ringard.
J'ai rejoué à
Metal Gear Solid 2 pendant le J-Term (January Term, une période académique à la fac.) dans l'espoir de revivre ma toute première expérience d'agent secret. Après tout, j'ai joué au jeu quand j'étais petite. Mes souvenirs m'habitent encore :
- Me faufiler dans les couloirs très discrètement.
- Ramper jusqu'aux gardes et leur briser le cou, comme des cure-dents.
- Garder une expression stoïque, très hardcore sur mon visage pour que tout ceux qui me regardent jouer sachent que j'étais occupée de sauver le monde et que c'était DU SÉRIEUX.
Et bien, depuis que je m'y suis remise, l'expérience semble avoir belle et bien changée! Cette fois-ci, l'expérience ressemblait plutôt à ceci.
- Dans les couloirs, je me suis déplacée sur la pointe des pieds comme une préadolescente essayant de fuguer de la maison, tout en regardant si Maman s'est réveillée.
- J'ai essayé de briser la nuque des gardes, mais je me suis fait prendre la main dans le sac! Et ils m'ont envoyé pleurer dans un couloir sous une pluie de balles sifflotant, où j'essayais péniblement de trouver un endroit pour me cacher de ces brutes.
- Je glapissais d'un ton si fort lorsque quelque chose me surprenait (pratiquement toutes les 3 minutes), que ma mère me disait souvent: "Tout va bien, mon coeur?" avec son "Ton de Maman Concernée".
J'aimerais... tellement savoir ce qu'il s'est passé depuis toutes ces années. Étais-je si bonne aux jeux vidéo lorsque j'avais onze ans? Est-ce que le temps que j'ai passé à Harvard à m'angoisser sur le travail et mes problèmes a affaibli mes compétences sur les jeux vidéo? Où avais-je simplement demandé à mon grand frère de battre toutes les parties difficiles du jeu pour moi, tandis que j'étais assise à côté de lui, persuadée que c'était moi qui étais au top?
De toute manière, malgré ma tendance à jouer d'une manière trop prudente (c'est à dire comme une fille), j'ai adoré rejouer à
Metal Gear Solid 2.
Vous jouez la quasi-totalité du jeu avec
Raiden, un jeune homme que vous êtes supposé croire être un soldat fortement entraîné et prêt à se battre, et ce malgré sa longue tignasse blonde qui rendrait même jalouse Reese Witherspoon. Régulièrement,
Raiden appelle
sa copine pendant la mission, en se plaignant avec des -- je n'invente rien--
"J'ai peur la nuit". Et c'est ce même
Raiden qui est supposé sauver
le Président.
L'histoire commence assez simplement, mais vers la moitié du jeu, ça devient quelque chose que seul un "nerd" pourrait apprécier. Il y a tellement de retournements de situations absurdes et des clichés de science-fiction que tout ça pourrait presque avoir autant de sens que clouer un yaourt sur un arbre. Tout cela ne serait pas si gênant si les cinématiques n’étaient pas aussi longues. Quand j'étais petite, je pensais que la gravité du dialogue signifiait que le jeu avait une certaine profondeur. Auparavant, j'étais capable de rire de certains moments trop sérieux du jeu et les apprécier de la même manière qu'un film traditionnel -- mais tout cela interrompt le fil du gameplay.
Heureusement, même dix ans après sa sortie originale, le gameplay de
Metal Gear pardonne son mélodrame. Les longs segments d'infiltration sont parsemés d'une demi-douzaine de boss. Les séquences d'infiltration sont très bien pensées, vous forçant à planifier vigoureusement vos déplacements. S'il est certainement possible de finir le jeu en tirant à tout va, le jeu vous rendra la tâche difficile. Vous serez surpris par le nombre de renforts qui vous entoureront. Mais le vrai frisson revient à se débarrasser des ennemis en les prenant par surprise. Mention particulière pour les combats contre les boss. Aucun d'entre eux n'est pareil, ce qui vous force à utiliser un panel de gadgets et de compétences pour assurer votre victoire. Vous vous trouverez à tirer des missiles sur un avion de chasse, désamorcer des C4, se battre avec des sabres (quel anachronisme!), et bien sûr, échanger des coups de feu.
Après avoir passé une semaine entière à faire exploser du C4, mitrailler à l'AK47 et à me faire descendre alors que je pataugeais dans l'histoire absurde du jeu, après avoir enfin vaincu le dernier boss, je n'ai pu m'empêcher de raconter mes histoires de guerre héroïques autour de moi. Malheureusement, il n'existe pas de médaille d'honneur pour avoir tué des ennemis virtuels. Mais je pense sincèrement que si ils le pouvaient, mon auditoire m'aurait donné une telle récompense – ne fut ce que pour me faire taire pendant quelques minutes...
Julia E. Hansbrough