Interview Hideo Kojima (Site officiel Metal Gear Solid 4)

Etsu Tamari : Pourquoi avez-vous passé tant de temps à faire des recherches ?

Hideo Kojima : Eh bien, la différence est flagrante entre créer quelque chose que vous avez vous-même vu et créer quelque chose que vous n'avez pas vu. Par exemple, vous essayez de créer une scène se déroulant au Moyen-Orient, vous pouvez avoir recours à votre imaginaire ou regarder une photo que quelqu'un d'autre a prise, vous allez vous retrouver avec quelque chose de plutôt superficiel. Je sais, vous vous dites certainement : « Bon, vous y avez passé, allez quoi, une semaine ? Qu'est-ce que vous y connaissez ? » (rires). Mais quand même avoir vu cet endroit de ses propres eux, cela fait toute la différence. Selon moi, voir l'endroit tel qu'il est, parler aux gens qui vivent sur place, faire soi-même l'expérience de cet endroit, tous ces aspects sont réellement cruciaux quand on crée quelque chose. Ces aspects sont une partie essentielle entrant dans la composition d'un divertissement. Et c'est quelque chose qui manque vraiment dans le divertissement japonais, même dans les romans et autres.

Etsu Tamari : Dans l'industrie du jeu vidéo, il y a peu de jeux qui bénéficie d'une préparation aussi travaillée.

Hideo Kojima : Le temps et l'argent en sont probablement les deux causes. Et pourtant, dans d'autres pays, cela se fait. Par exemple, si le personnage principal d'un roman est un docteur, l'auteur suivra des docteurs dans leur quotidien pour connaître leur routine, puis il écrira en faisant appel à cette expérience. Si les choses évoluent ainsi, il n'y a pas de raison pour que le contenu japonais ne soit pas à la hauteur. Cependant, pour être juste, là-bas ils peuvent le faire, car ils n'ont qu'un seul livre à écrire par an. Dans le monde de l'édition japonaise, on peut se retrouver à écrire un roman tous les deux mois. À ce rythme, tout ce qui peut en découle ne sont que des drames ennuyeux pour lycéens et de pures fantaisies.